permaculture

La Permaculture

Le mot « permaculture » signifie agriculture permanente : c’est-à-dire un « système intégré et évoluant d’espèces d’animaux et de plantes pérennes utiles à l’homme« .

Au delà de la simple méthode culturale, nous avons là un courant philosophique, une éthique de vie, où les aspects sociaux faisant partie intégrante d’un véritable système durable, souvent décrit en 3 points :

  • prendre soin de la Terre : reconnaître que la Terre est la source de toute vie. Les êtres humains doivent donc s’en occuper avec respect.
  • prendre soin des Hommes : créer des sociétés où les humains et la planète vivent ensemble en harmonie, notamment par la coopération et le partage.
  • distribuer équitablement : s’assurer que les ressources limitées de la planète soient distribuées de manière sage et égalitaire.

Comme souvent au cours de notre histoire humaine, cette évolution est née dans la même période (années 70-80)  sur plusieurs coins de la planète, et surtout :

  • au Japon, c’est Masanobu Fukuoka, microbiologiste de formation devenu agriculteur et conférencier, qui a mis au point l’Agriculture naturelle, décrite dans son livre « la Révolution d’un seul brin de paille »,
  • en Australie, ce sont Bill Mollison et David Holmgren qui ont développé le concept et les principes de la Permaculture, avec un traité éponyme en 2 volumes.

Dans notre modeste gazette de jardiniers, c’est bien sûr des techniques de cultures dont je vais vous parler, nous papoterons philosophie tout notre saoul à l’occasion !

La méthode

Le principe de base cherche à reproduire fidèlement la nature en développant des écosystèmes comestibles qui ressemblent à leurs équivalents naturels.

L’observation et la connaissance de son environnement sont donc très importantes, et vont nous permettre de  garder un sol vivant et de favoriser la synergie d’une biodiversité « naturelle ».

1) Le sol de la forêt est l’exemple parfait de la constitution d’un humus riche et naturel, issu de la décomposition des matières organiques (animales et végétales) qui tombent et forment la litière. Les feuilles mortes, les plantes fanées, les déjections animales, les petits cadavres, etc., tous sont fragmentés, morcelés, pré-digérés et finalement assimilés par les décomposeurs : bactéries, champignons, protozoaires, nématodes, collemboles, insectes, acariens, myriapodes, lombrics, mollusques… chacun, à sa taille, à son niveau, à son heure, tient son rôle dans ce processus.

Dans la forêt, pas de jardinier, pas de retournement de sol, pas non plus de piétinement, pas d’apport d’engrais (!) et encore moins de pesticides, mais tout simplement un système qui tourne bien rond, un sol toujours protégé par sa litière, toujours habité par sa microfaune, toujours aéré, décompacté, nourri, entretenu, et rendu bien accueillant pour des plantes… heureuses !

La butte de permaculture est dans nos jardins la meilleure méthode pour tenter de reproduire ce phénomène :

  • en surélevant la terre, on arrête de la piétiner, et donc de la compacter ;
  • en maintenant en permanence une litière, on la protège des intempéries et du ruissellement ;
  • en apportant (ou en laissant) les matières végétales du jardin, on participe à la nutrition et donc à la vie de ses habitants…

 

2) les plantes vivent ensemble dans la nature : elles peuvent se plaire ou se concurrencer, mais surtout elles sont mélangées. La biodiversité est le mot clé pour l’équilibre des cultures : pas de concentration d’une même espèce qui va sur-consommer les mêmes oligoéléments du sol et donc se retrouver fragilisée, pas de « monoculture » qui va attirer plus facilement (par la vue, par l’odeur…) les prédateurs .

Dans son jardin, plus on mélange les végétaux, en touffes, en petites lignes, en sujets isolés, plus on conjugue les effets positifs de cette synergie entre les plantes : certaines peuvent protéger des « ravageurs » et les maladies, certaines sont capables de fertiliser le sol par fixation d’azote, certaines favorisent une utilisation optimale de l’espace (tant aérien que racinaire) etc…

Plus le nombre d’espèces est grand, plus le système est stable.

 

La technique

Une butte de permaculture demande d’abord un gros effort – et il est vrai que sa confection est d’une grande violence pour le sol. Elle réclame ensuite de l’entretien, du soin, de l’attention. Et peu à peu, le sol s’équilibre, l’humus se forme, les plantes indésirables se raréfient, les autres se ressèment naturellement, les vivaces se pérennisent, et toutes poussent de mieux en mieux. Au bout du compte, en 3 ou 4 ans, la butte devient de plus en plus facile à mener.

Pour l’installer dans son jardin, on va préférer une orientation nord-sud, mais bien sûr en tenant compte de la déclivité du terrain, il ne faut pas que l’eau de ruissellement tape directement dessus.
Sa largeur est de 1 m à 1,20 m maximum (pour travailler des 2 côtés sans poser le pied), les allées de séparation 50 cm.
Sa longueur s’adapte au jardin, sa forme à l’humeur du jardinier : allongée, en haricot, en zig-zag, en cercle, en spirale…

1ère étape : si on peut, on prépare le sol quelques mois avant, en le protégeant par une couche de cartons et une bonne épaisseur de paille. Il sera ainsi nettement plus facile à bêcher, et débarrassé de nombreuses indésirables.

2ème étape : on décompacte (à la grelinette, c’est mieux!) la première couche du sol, celle qui est la plus humifère (sur 10 à 20 cm d’épaisseur) sur toute la surface de la future butte PLUS la surface des futures allées. Ensuite, on délimite au sol la forme de la  butte par des piquets et de la ficelle. Le façonnage est tout simple : à la pelle, on envoie sur le centre de la butte la terre décompactée des allées. Ainsi, la butte monte, les allées se creusent, et on arrive à un dénivelé de 40 à 60 cm de hauteur.
Attention de modeler une forme bien arrondie, et même un plat sur le sommet, et non pas une butte toute pointue.

3ème étape : on plante et on sème, en mélanges, en poquets, en diagonales, en isolés…

Quelques règles :

  • en haut de la butte, les plantes qui demandent le plus d’eau, salades, tomates, etc…
  • sur le tour, les plantes les plus « protectrices » : ail, oignons, poireaux, ciboules…
  • un peu partout, des « légumineuses » (haricots, pois, lentilles, fèves, et même luzerne) qui enrichissent naturellement le sol en azote ;
  • pas de plantes trop volumineuses (courgettes, potiron) ou alors on les conduit sur des structures aériennes (qui apporteront de l’ombre, coup double!), pas de plantes qui demandent un défouissement radical, comme les pommes de terre (n’oublions pas qu’on ne touche plus au sol de la butte!).

4ème étape : on maintient une couverture permanente, avec du paillage, des feuilles, des épluchures (on écarte un peu quand on sème, on remet au fur et à mesure que les plantes grandissent).

C’est une habitude à prendre – par exemple, quand on cueille une salade, 2 nouveaux gestes sont à exécuter :

tout d’abord, on n’arrache pas : on coupe la plante à son collet : les racines se décomposeront dans la terre, en nourrissant la microfaune et en  laissant leurs sillons pour l’eau et l’air qui circulent dans le sol ;
ensuite, on nettoie la salade sur place : les feuilles externes, un peu abîmées, seront directement déposées sur la litière.

Et n’oublions pas : en ne remuant plus du tout le sol, en le maintenant toujours couvert, de litière et de plantes, en ne le piétinant plus, on va favoriser son aération et la genèse de son humus , et les « mauvaises herbes » vont se raréfier par manque de lumière et par manque de place !
 

Retrouvez Christel en vidéo pour nous montrer comment réaliser une butte fertile !