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Planter un arbre

 

un projet de saison

L’hiver est la saison privilégiée pour planter un arbre à racines nues. C’est pour vous la garantie d’obtenir un végétal qui s’est développé en pépinière dans la région, qui est donc bien adapté aux types de sols et de climats locaux. C’est aussi un végétal qui n’a pas poussé dans un pot à coup d’engrais et d’arrosages permanents et qui n’a pas développé un chignon en guise d’appareil racinaire… Il est extrait de sa pépinière en phase de repos végétal, entre mi novembre et mi février.

Si vous êtes très prévoyant, vous avez préparé le trou de plantation à l’avance, pendant l’automne, et laissé la terre extraite reposer, de préférence en deux tas, la couche superficielle d’un côté, la plus profonde de l’autre.

Ah ! le trou de plantation ! Combien de fois ai-je vu, ai-je lu, ai-je entendu : « faites un trou de plantation UN PEU PLUS gros que le volume de la motte…ou que le pot… ». Quelle erreur ! Quelle imprécision dans les consignes ! Bien sûr, au début, ça va marcher. Pendant un, deux, même trois ans, l’arbre se développe. Et puis, la quatrième saison, sa croissance ralentit, il s’étiole, il s’assèche, il peut en mourir. Ses racines encore jeunes n’ont pas été capables de s’enfoncer dans un sol trop dur, ou trop pauvre, ou trop caillouteux. Il vivait sur la réserve de sa motte…

 
Il faut CREUSER pour planter un arbre : un mètre cube en moyenne ! Et plus le sol est dur, plus il faut creuser, jusqu’à 1,20 m de profondeur et 1,20 m de côté. Quand on aime, on ne compte pas…

Pendant ce temps , on a procédé au rhabillage et au pralinage des racines : on les taille de quelques cm et on les fait tremper dans un mélange boue-argile-compost bien mûr. Le voilà bien confortable pendant que l’on trime pour lui !

Au fond de la fosse, on décompacte (à la pioche ou à la barre à mine), toujours pour ces fameuses racines qui chercheront leur chemin dans deux ou trois ans. On plante un tuteur face au vent dominant et on commence à combler le trou avec la terre la plus profonde, mélangée à du compost bien mûr (un seau ou deux en tout).

La pose de l’arbre demande de l’attention : il faut vérifier que le collet ne sera ni enterré, ni trop dégagé, juste au ras de la future cuvette d’arrosage. On continue à combler autour de l’appareil racinaire, et pour la dernière couche, on récupère la terre superficielle, toujours additionnée d’un peu de compost mûr. On tasse, délicatement, mais fermement (au pied ou au râteau), pour former la cuvette. On lui offre une bonne trentaine de litres d’eau, pas plus, et en faisant attention aux risques de gel : c’est l’hiver, n’oublions pas ! Puis on paille et on procède à une très légère taille des branches pour équilibrer celle qu’on a faite aux racines.

Longue vie au nouvel habitant du jardin…

 

Que planter ?

Vaste question. Il ne s’agit pas ici de dresser l’inventaire des espèces possibles, mais plus d’aborder quelques paramètres à prendre en compte.

Des espèces locales  : en bio, il est avant tout primordial de choisir des plantes spontanées ou acclimatées. Elles s’intègreront dans le paysage, elles se montreront plus économes en eau, plus résistantes aux aléas climatiques, elles participeront à l’équilibre de l’écosystème, elles offriront gîte et couvert à la faune endémique. Il vaut donc mieux observer la campagne environnante, et même les jardins du coin, pour repérer les espèces les plus représentées, les plus florissantes.

Des sujets à la bonne taille  : une autre difficulté consiste à anticiper l’envergure et la hauteur du végétal adulte : combien se retrouvent ainsi, après quelques années, avec un arbre qui cogne aux murs et coupe toute la lumière ! Sans parler des racines qui font pareil par en-dessous. Il est bon de savoir qu’un arbre ne montre jamais que la moitié de son être : ce qu’il déploie de branchages dans le ciel, il développe de racines sous la terre…

Un peu d’ethnobotanique pour finir, avec un petit tour chez les arbres les plus traditionnels et les plus emblématiques de Provence :

•  ceux dont l’exceptionnelle longévité symbolise l’éternité  : l’olivier, le cyprès, le micocoulier, le laurier sauce ;

•  ceux dont la capacité nourricière assure la survie dans un milieu aride : le figuier, l’amandier, la vigne ;

•  ceux du feuillage et de la fraicheur , le platane, le tilleul, le marronnier, et le mûrier dont le nom sonne également dans le souvenir des magnaneries…

Ceux-là et quelques autres étaient les gardiens de nos maisons, dans la cour ou dans le jardin. Et à ce propos, gardons bien (ou retrouvons) la sagesse des anciens qui mettaient toujours un arbre à feuillage caduc devant la façade principale, pour en assurer l’ombrage en été, et pour bénéficier du soleil en hiver…